Suite à la dernière publication de la Commission européenne au sujet des espèces invasives à combattre, cet été 2016 entre, plus que jamais, dans l’aire de la prise de conscience d’une nécessité « d’accompagnement » des espèces non autochtones. Car si l’on parle volontiers de la modification perceptible du climat que chacun peut sembler percevoir, et quel qu’en soit l’origine souvent controversée (gaz atmosphériques ou activité solaire, etc..), ses effets conjugués à une activité anthropique folle, frénétique et parfois ingérable ouvrent la porte aux espèces animales et végétales « non locales ».
La gestion des espaces naturels est une quasi nécessité absolue là ou l’homme intervient, hormis quelques rares exceptions d’écosystèmes encore préservés (quelques forêts ombrophiles d’Afrique de l’Ouest et Sud Américaines, certains déserts, bush et autres Outback australiens), et encore. Aussi, lorsqu’une nouvelle espèce surgit en terre déjà conquise, comment réagir ? Quelles priorités définir ? Et comment concrétiser ses actions ?
Il n’est nul besoin d’aller chercher des exemples loin de Seine et Marne.
Chacun d’entre nous peut ce jour observer la colonisation en agglomération de grandes perruches à Collier d’origine afro-asiatique, la forte présence du raton laveur, et que dire du ragondin ou de la tortue de Floride !
La Commission européenne vient de compléter ce 13 juillet de façon officielle une liste déjà conséquente (évolutive) en rajoutant 37 espèces animales et végétales dont bon nombre concernent notre département. Le moins réjouissant de tout cela est que la présence de chacune des ces espèces trouve son explication via des flux souvent incontrôlés voire incontrôlables. De multiples raisons, de multiples facteurs, des cas particuliers, une culture du milieu naturel qui se perd. Existe-t-il un tronc commun, une arborescence, une structure dans la manière de gérer ces espèces indésirables et non traçables ?
A un moment ou notre civilisation/culture a pris l’habitude et le réflexe de s’appuyer sur l’assistanat dans bon nombre de domaines, nous avons perdu le bon sens de nos actions. La vigilance. La logique. Relâcher une espèce exotique (provenant d’un milieu différent du nôtre et non exclusivement tropical) est impactant pour notre environnement. Laisser essaimer une Herbe de la Pampa dans son jardin est impactant. Replanter du myriophylle du Brésil dans un bassin est un risque invasif. Autant d’exemples qui rappellent que, si la première menace à la biodiversité reste la destruction que l’Homme fait subir aux espèces sauvages, le cas des espèces invasives est bien plus insidieux.
Nous sommes donc tous des vigiles de notre Nature. Chacun d’entre nous est acteur malgré lui de par ses gestes. La seule manière de voir, comprendre et lutter face à  l’importance du phénomène est d’aller sur le terrain, d’expliquer, faire de la pédagogie, ramasser déchets et animaux qui n’ont pas leur place.
Si la réglementation évolue enfin, le Code de l’Environnement reste une enclume. Et n’apporte pas toutes les solutions. Car pour exemple, une espèce invasive par définition doit être mise hors d’état de nuire. Pour un pêcheur venant de capturer un poisson chat ou un perche soleil, ce dernier a interdiction de relâcher l’animal vivant dans son milieu, ni possibilité de le transporter. Il faut donc lui ôter la vie.
Certaines des espèces reconnues invasives ne trouvent pourtant pas écho dans la liste européenne tout simplement parce qu’il a été considéré en haut lieu que la mise en place d’un plan de lutte serait trop coûteux au regard du maigre résultat qu’il pourrait rapporter.
Il est souhaitable de reconsidérer tous ces paramètres pour apporter du pragmatisme.
Que fera t-on d’une espèce invasive installée, doit-on la tuer ou la rendre simplement inopérante (la parquer). Car nous sommes globalement tous responsables de la présence de cette dernière. Peut-on tirer profit d’une solution pour financer cette gestion environnementale ?
Soyez adhérents actifs aux associations environnementales, soyez pêcheurs ou chasseurs gestionnaires, allez vous promener tôt le matin et tard le soir à la rencontre d’un faune qui vit au pas de votre porte, et que l’on aperçoit jamais autrement.
Car si une pression maladroite de pêche, de chasse ou récolte floristique a pu, de par le passé (chacun trouvera son anecdote), influer jusqu’à menacer certaines espèces locales à valeur patrimoniales si fortes, c’est bien que nous serons capables demain d’influer sur de nouveaux arrivants. La différence entre hier et aujourd’hui, c’est le nombre de participants !
J’ai 44 ans. Je pêche depuis que je marche. Jeune, je devais me lever à 6 heures du matin pour trouver un emplacement de pêche disponible en bord de Marne. Aujourd’hui, je suis un individu en voie de disparition et seul au bord de l’eau à n’importe quelle heure !
Je vois le retour du Vairon en Marne, l’explosion du goujon et le retour du Hotu depuis l’interdiction d’utilisation de l’atrazine pour désherber les vignes. C’est encourageant !
Malheureusement, j’ai également observé la reproduction d’une tortue de Floride capturée à Congis !
Dois-je la considérer comme appartenant à notre future faune sauvage ou déciderez vous d’aller vous promener et d’apporter votre pierre à l’édifice ?
Olivier Kenaip